Dans ce travail, je désire faire sentir plutôt que montrer. Avec la photographie, médium pourtant défini comme une manière de voir, je tente d’amener le corps au premier plan de la conscience avec un soucis de produire chez le visiteur une réaction physiologique.
Pour ce faire, la représentation d’un paysage avec un point de vue unique est évité. Le sens de lecture habituel des images est déjoué par la bascule des horizons. Déposés au sol à la manière de tableaux en transit, ces grands formats empilés l’un sur l’autre ne laissent entrevoir qu’une portion des sujets photographiés ; les falaises d’Étretat et la mer. Cette façon de faire propose une construction spatiale redessinée. D’une part, la stratification des images s’apparentent aux couches sédimentaires des parois friables des falaises représentées et d’autre part, les parties cachées des photographies suscitent chez le visiteur le désir de voir davantage et de deviner l’invisible. Ici, l’effet du hors champ fonctionne à plein. On se déplace, on incline le corps espérant saisir et reconstruire mentalement ces espaces énigmatiques. Un jeu amusant de déchiffrage d’un paysage stimule l’imagination et engendre le mouvement du spectateur.